
L’eau, source de réconfort pendant l’accouchement
L’accouchement dans l’eau inspire un sentiment de bien être et de détente. Le chercheur soviétique Igor Borisovich Charkovsky développa le concept d’accouchement dans l’eau durant les années 1970 et entreprit de réaliser des naissances sous l’eau à l’image des dauphins. Michel Odent poursuivit l’expérience en utilisant l’eau chaude d’une piscine afin de soulager la mère pendant le travail. La chaleur, la flottabilité d’un accouchement dans l’eau réduisant de manière significative la douleur tout en augmentant la détente. Depuis l’eau se retrouve dans les différentes étapes de la naissance.
L’eau pour soulager « le faux travail »
L’accouchement normal se produit au terme de la grossesse, soit entre la 37e et la 42e semaine de grossesse. Avant d’entrer dans « le travail » de l’accouchement, phase où les premières contractions régulières se font sentir, la femme peut passer par une phase de « faux travail » avec des contractions de Braxton-Hicks.
Ces contractions correspondent à une tension passagère des muscles de l’utérus. L’utérus se durcir. Fréquentes en milieu de grossesse, ces fausses contractions ne sont habituellement pas douloureuses, durent jusqu’à une demi-minute, et peuvent survenir une ou deux fois par heure, plusieurs fois par jour. Avec l’avancée de la grossesse, ces fausses contractions peuvent devenir plus intenses, voire douloureuses parfois et peuvent se confondre avec les contractions du « travail ».
Si vous êtes à moins de 37 semaines d’aménorrhées, que les contractions deviennent douloureuses, plus régulière et plus intense, n’attendez pas pour contacter la sage-femme ou l’hôpital. Vous pourriez être en Menace d’Accouchement Prématuré (MAP).
Si vous êtes à terme et que les contractions deviennent douloureuses, il est toujours préférable de rejoindre la maison de naissance ou l’hôpital où vous accouchez pour évaluer la situation. Les sages-femmes et les infirmières de l’obstétrique conseillent souvent aux mamans de faire leurs exercices respiratoires, de relaxer et de se plonger dans un bain chaud (comprendre tiède et pas brûlante !!) pendant environ 1 h.
Le bain chaud a généralement pour effet de stopper les Braxton-Hicks, ainsi vous serez fixée. Si vous être en travail, le bain chaud soulagera les tensions du corps, vous apportera de la détente et participera positivement à l’avancer du travail. Pour s’ouvrir votre col a BESOIN que vous soyez Zen et détendue !! Le bain sera un moment idéal d’intimité avec votre conjoint qui pourra en profiter pour vous masser le bas du dos ou les hanches ! L’ocytocine, hormone de l’Amour qui contribue largement au déroulement de l’accouchement, a besoin de douceur, de tendresse, de calme et d’Amour pour pouvoir être sécrétée correctement. Alors gâtez-vous !

L’accouchement dans l’eau
Au cours des dernières années, l’accouchement dans l’eau a gagné en popularité en raison des nombreux avantages qu’il représente.
L’origine des accouchements dans l’eau est très ancienne. On pense que les Amérindiennes demeurant près de mers chaudes ou de sources chaudes jaillissantes accouchaient souvent dans l’eau. A Hawaï, la tradition de donner naissance dans l’eau remonterait ainsi à 16 000 ans (Vadeboncoeur 1995). D’autres éléments indiquant que l’eau était utilisée comme moyen thérapeutique, notamment pour soulager les douleurs liées à l’accouchement, remontent à l’époque des Assyriens, des Grecs et des Romains (Reid-Campion 1997). En ce qui concerne le premier accouchement dans l’eau rapporté par la littérature scientifique, celui-ci a eu lieu en France en 1803 (Embry 1805).

Au Québec, le nombre d’accouchements dans l’eau n’est pas connu, mais il peut cependant être estimé à quelques centaines compte tenu du fait que ce type de prestation n’est offert que dans les maisons de naissance ou au domicile sous la supervision des sages-femmes. L’accouchement dans l’eau n’est pas disponible actuellement dans les hôpitaux du Québec.
En France, pays où l’accouchement dans l’eau a été initié assez tôt dans l’histoire du monde moderne, il représenterait environ 500 naissances par an sur 800 000, soit 0,06% des naissances. Par contre, en Angleterre et au Pays de Galles où cette pratique est davantage développée, les accouchements dans l’eau représentent près de 1% des naissances (Gilbert et Tookey 1999).
Pour pouvoir accoucher dans l’eau, la femme doit être en bonne santé et ne pas avoir de contre-indications telles que : grossesse à risques, grossesse multiple ou tout autre problème de santé qui restreignent l’accès à une sage-femme.
La chaleur associée à l’immersion dans l’eau procure le sentiment réconfortant d’être enveloppée, protégée, bercée, soutenue et détendue par l’eau. L’immersion dans l’eau donne aussi l’impression d’établir une barrière dans l’espace occupé, favorisant ainsi un sentiment d’intimité, de contrôle sur son environnement et, par conséquent, un plus grand lâcher-prise chez la femme.
Il faut attendre que le travail actif soit bien installé pour s’immerger dans l’eau, car si on y entre trop tôt ou si on y reste plus de 2 heures, il y a un risque de ralentir le travail.
L’accouchement dans l’eau aide la future mère, le bébé et le conjoint à vivre une naissance naturelle et en douceur. L’accouchement dans l’eau présente les avantages suivant :
Avantages pour la maman
- L’eau aide à réduire le stress et aide à la détente. L’immersion dans l’eau permet à la femme d’être dans sa bulle. La femme doit se sentir en confiance avec les personnes présentes car le sentiment d’intimité est beaucoup plus grand. Pour l’aider on peut tamiser les lumières, éviter le plus possible de lui parler ou de l’observer directement et minimiser les sources de bruits. On s’assurera régulièrement qu’elle n’a ni froid, ni faim, qu’elle se sent en sécurité et confortable.
- La détente général du corps permet une meilleure respiration et apporte un maximum d’oxygène aux muscles utérin. Un muscle bien oxygéné travaille mieux et est moins douloureux.
- L’immersion dans l’eau aurait des effets physiologiques marqués sur le système cardio-vasculaire, tel qu’une réduction de la tension artérielle due à une vasodilatation des vaisseaux périphériques et la redistribution du débit sanguin. De fait, l’immersion dans l’eau chaude serait ainsi associée à une amélioration de l’irrigation sanguine au niveau de l’utérus et donc à une meilleure oxygénation du fœtus.
- L’effet de pesanteur est diminué, permettant à la femme une liberté de mouvement plus grande et plus de facilité à trouver une position confortable. La femme a plus de facilité à se laisser guider par son corps.
- La production d’endorphines (opiacé naturel de la même famille que la morphine) sera favorisée. Les endorphines aident à rendre les douleurs des contractions moins difficiles. Elles diminuent l’anxiété et la fatigue. Elles contribuent aussi à mettre le néocortex à l’arrêt (cerveau rationnel, celui qui réfléchit, qui compte) pour laisser la place au cerveau primitif (celui qui sait accoucher par instinct). Les endorphines incitent aussi la femme à abandonner ses résistances et ses barrières mentales telles que la peur, le jugement et le contrôle.
- L’immersion dans l’eau prévient la libération des hormones de stress dans l’organisme, telles que les catécholamines, qui inhibent l’ocytocine et la progression du travail.
- L’accouchement dans l’eau diminuera sensiblement la durée du travail, divisée par 3 par rapport aux naissances classiques. Le col de l’utérus se dilate beaucoup plus vite, la douleur étant ressentie de façon moins intense et moins longtemps, la femme aura plus d’énergie et des poussées beaucoup plus efficaces.
- On note une réduction considérable des complications et de l’instrumentalisation (accélération du travail, forceps, péridurale, césariennes).
- La détente induite par l’eau permet un relâchement musculaire optimal, le périnée sera plus détendu et plus élastique et détendu, réduisant ainsi l’incidence des déchirures.
- En reparlant de l’expérience d’un accouchement dans l’eau avec les femmes qui ont pu en bénéficier, on constate une meilleure satisfaction de leur vécu et le sentiment d’avoir été en contrôle. Le sentiment de satisfaction du vécu de l’accouchement est important. Tschudin*, dans une étude publiée en 2009 a montré qu’une anxiété ou une insatisfaction lors d’un premier accouchement peut être source d’angoisse, pouvant même amener la femme à demander une césarienne lors de l’accouchement suivant. De plus un meilleur vécu de l’accouchement réduit les symptômes du post-partum (irritabilité, cauchemars, trouble du sommeil, etc.) et les risques de dépression.
* TSCHUDIN.S, Previous birth experience and birth anxiety: predictors of caesarean section on demand?, Sept 2009, Journal of Pscychosomatic Obstetrics & Gynecology; 30(3): 175-180

Pour le bébé
- L’accouchement dans l’eau se fera plus en douceur, le bébé sera accueilli d’une manière plus rassurante et se sentira en sécurité.
- Il semble que les bébés nés dans l’eau soient plus calmes et pleurent moins
- Le peau à peau pourra être fait rapidement puisque la température de l’eau est à 37° C. La maman pourra ainsi le toucher, le caresser et le regarder autant qu’elle le désire.
Pour le conjoint
- L’accouchement dans l’eau permet une participation active du conjoint. Lorsque le bain est assez grand, le conjoint peut y entrer et participer au processus de la naissance. Il aura tout loisir de caresser, masser, encourager et soutenir la future maman.
- L’immersion dans l’eau créait un contact intime entre les 2 partenaires et favorise la production d’ocytocine (hormone de l’amour, qui créait des liens) synthétisée naturellement au cours de l’accouchement. Pour que la production d’ocytocine soit déclencher, la femme doit se sentir en confiance, aimer et encouragée. Sa production augmentant graduellement au cours de l’accouchement, l’ocytocine allonge la durée des contractions, réduit leurs intervalles et permet de rendre le travail plus efficace. Quand le bébé atteint la partie basse du vagin, le cerveau commande de relâcher une quantité maximale d’ocytocine qui va favoriser un attachement fort et immédiat avec l’enfant. Cette forte concentration d’ocytocine produira également le réflexe d’éjection du placenta. Elle permettra aussi à l’utérus de se rétracter après cette expulsion, le ramenant à sa position et à sa forme initiale, et réduisant ainsi les risques d’hémorragies.
- On oublie trop souvent que l’accouchement est aussi pour le père un événement intense. Lui aussi vivra des émotions fortes et le fait de voir sa conjointe détendu et en confiance va l’aider à trouver plus facilement sa place auprès d’elle. Il aura le sentiment d’être aidant et davantage impliqué auprès de sa nouvelle famille.
Quels sont les facteurs à considérés ?
Il existe quatre grandes préoccupations mentionnées par les différents ordres professionnels, elles sont reliées à la sécurité de la femme et de son enfant lors de l’accouchement dans l’eau :
1) la thermorégulation : il est important que la température de l’eau du bain ne soit pas supérieure à celle du corps de la femme afin d’éviter une hyperthermie du fœtus ou un malaise de la mère. Lors de l’immersion dans l’eau, la femme doit avoir la possibilité de réguler la température de l’eau et être encouragée à sortir et rentrer dans l’eau au cours de la phase de travail aussi souvent qu’elle le souhaite. La température de la pièce doit également être confortable pour la patiente et celle-ci doit être encouragée à s’hydrater régulièrement.
2) le risque d’infection : provient de l’idée que l’eau est un vecteur de germes. La mère et le nouveau-né pourraient être contaminés par des germes déjà présents dans le bain. De son côté, la mère pourrait contaminer son nouveau-né par les différents fluides expulsés lors de l’accouchement. Il est également proposé que les risques d’infections soient accrus pour la mère car l’eau pourrait pénétrer dans son utérus (Rosevear et al. 1993) et que l’effet relaxant de l’eau chaude pourrait conduire à des contractions post-partum moins efficaces (Deans et Steer 1995). Bien évidemment, toutes les piscines et les bains d’accouchement et autres équipements doivent être nettoyés, désinfectés et séchés après chaque utilisation.
Les études semblent montrer qu’il n’y a pas de différence notable des taux de mortalité néonatale et les taux d’infections (maternelles et néonatales) entre un accouchement traditionnel et un accouchement dans l’eau.
3) les difficultés respiratoires chez le nouveau-né : il est rapporté que le réflexe de plongée (« diving reflex ») empêche le nouveau-né en bonne santé d’inhaler de l’eau. Selon Johnson (1996), le larynx du fœtus possède un grand nombre de chémorécepteurs respiratoires, empêchant ainsi l’inhalation de liquide. De plus, le réflexe de plongée est principalement déclenché par les récepteurs de la peau du visage qui transmettent les stimuli aux chémorécepteurs. Par contre, un nouveau-né présentant une défaillance au niveau du réflexe de plongée présente un risque d’inhalation de liquide avant d’avoir atteint la surface de l’eau.
4) la rupture du cordon ombilical : il existe un risque accru de rupture du cordon ombilical dans la mesure où il est potentiellement plus difficile d’appréhender la longueur du cordon dans un bain d’accouchement.
Les mesures d’urgences et l’évacuation du bain en situation de risques doivent être envisagés et discutés en prénatal avec le couple.
Comment faire pour accoucher dans l’eau ?
Pour vous renseigner sur les possibilités d’accouchement dans l’eau et les services de sages-femmes au Québec
Les maisons de naissance sont équipées de grandes chambres avec des bains confortables et tout le matériel nécessaire à votre confort.
Pour trouver une maison de naissance au Québec
Pour celles qui envisagent l’accouchement au domicile et si votre bain n’est pas suffisamment grand ou pas assez accessible pour permettre à la sage-femme de surveiller le bon déroulement de l’accouchement, vous devrez peut-être acheter une piscine gonflable spécifique.
Pour vous en procurez une, visitez le site périnatalité inc.
Accoucher dans l’eau à l’hôpital ?
Pour les femmes qui accouchent à l’hôpital, sachez que la plupart sont équipés de grand bain et même si la naissance de votre bébé ne peut pas se faire dedans, vous aurez tout loisir d’y passer le temps que vous voulez et d’en apprécier les bénéfices !!
Compresses d’eau chaude ou froide
Facile à utiliser, les compresses peuvent être utilisées tout au long de l’accouchement.
Les compresses chaudes peuvent être appliquées au niveau du dos, du bas-ventre et du périnée. En plus de soulager la douleur, la chaleur diminue les frissons et tremblements, les tensions articulaires et les spasmes musculaires : elle augmente la souplesse et l’extensibilité des tissus conjonctifs.
Les compresses froides peuvent être appliquées au niveau du dos, du cou, de la poitrine et du visage. En plus de diminuer la perception de la douleur, le froid aide à soulager les spasmes musculaires et à réduire l’inflammation et l’œdème des tissus.
Une étude randomisée contrôlée auprès de 717 femmes nullipares n’ayant pas pratiqué le massage périnéal prénatal a démontré que l’application de compresses chaudes au niveau du périnée à la fin du deuxième stade de travail ne diminuait pas le besoin de faire des sutures périnéales. Toutefois, elle avait pour effet de diminuer le taux de déchirure de troisième et quatrième degrés, la douleur perçue par les femmes au moment de la naissance, la douleur perçue au Jour 1 et au Jour 2 suivant l’accouchement, de même que l’incidence d’incontinence urinaire à 3 mois post-partum. Les auteurs estiment que cette pratique simple et peu coûteuse devrait être intégrée aux soins accordés lors du deuxième stade de travail.
Les papules d’eau sous-cutanée
L’injection sous-cutanée d’eau stérile à des points précis dans la région du sacrum diminue la douleur localisée au bas du dos en quelques minutes. L’effet dure de 45 à 120 minutes.
L’utilisation de papules d’eau stérile serait associée à une diminution de la douleur lombaire pendant le premier stade du travail. Selon les études, cette méthode ne diminue pas le recours aux autres moyens de soulager la douleur, mais elle peut retarder le recours à l’épidurale. Leur utilisation n’est pas répandu dans tous les hôpitaux du Québec renseignez-vous là où vous devez accoucher.
Vous avez accouchée dans l’eau? Racontez nous votre histoire en commentaire, elle pourrait faire la Une lors d’une prochaine publication!!
Sources :
Votre accouchement: gérer la douleur de façon naturelle
chus : Rapport_Bains_accouchement
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2 réflexions sur « L’eau, source de réconfort pendant l’accouchement »
Accouchement dans l’eau pour moi en Belgique. Une super experience. J’ai fait tout le travail chez moi, a l’aide du ballon de yoga et dans mon bain. Direction la salle nature de l’hopital, reservee pour moi, lorsque les contractions sont passees a 5min. A l’hopital, travail accompagne par le TENS pour gerer la douleur, puis pasage dans la baignoire d’accouchement le moment venu. Ma fille est nee dans l’eau, c’etait magique. Une experience inoubliable.