Ma sage-femme, cette fée qui m’a tant appris

Ma sage-femme, cette fée qui m’a tant appris

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©Amalgame Photographie*

Naissance de Nora (France)

Quand je suis tombée enceinte de ma fille, je ne connaissais que peu de chose en physiologie de la grossesse et de l’accouchement. Juste ce qu’on m’avait appris en formation d’infirmière puéricultrice. Ma vision de la naissance était encore très formatée par les films et autres émissions de télé-réalité dont on taira le nom !
Au moment où mon test a viré positif, c’était évident pour moi de me laisser porter par le corps médical sans me poser de question. Bien sur que je voulais la péridurale ! Pourquoi souffrir ?

Géographiquement, l’évidence voulait que j’accouche dans la maternité même qui m’avait vu naitre. La première maternité labellisée IHAB (Initiative Hôpital Ami des Bébés).

Le destin -et les pages jaunes- ont mis sur ma route une sage-femme formidable. J’ai acquis vraiment beaucoup de connaissances avec elle, sur la physiologie de l’accouchement, sur les risques possibles d’une péridurale, sur les vrais positions physiologiques d’accouchement. Elle m’a notamment rappelé lors des cours de préparation à la naissance que la femme enceinte c’est moi et pas la sage femme de la maternité ou le/la gynécologue. Et que c’est moi qui vais aider notre enfant à venir au monde.

Pleine de toutes ces connaissances, ma réflexion sur la naissance de ce bébé à venir s’affine. J’aimerais accoucher sans péridurale. Je me laisse une petite marge de rétractation parce que l’inconnu de cette douleur m’effraie. Surtout je veux pouvoir être mobile et je veux choisir la position dans laquelle j’accoucherai. Je visionne des vidéos de naissance physiologique sur YouTube. Je me projette. Mes envies sont complètement validées par la sage femme de la maternité au RDV du 8e et 9e mois. Une fée, elle aussi.

Le 13 juillet, les contractions du matin sont plus piquantes que d’habitude. Je suis à 41SA+4 et donc surveillée tous les deux jours à la maternité depuis 4 jours. Le 13 au matin pourtant la sage-femme me dit que ce n’est encore vraiment pas pour tout de suite mais que tout va bien. J’en ai un peu marre je l’avoue volontiers. Mais on profite quand même de ce répit pour voir le dernier Harry Potter sorti le jour même. J’ai quand même pas mal de contractions, je sens qu’elles sont différentes. La fin approche, c’est sûr.

Les choses s’accélèrent après le repas du soir. Les contractions s’intensifient et sont bien plus douloureuses. Et elles sont situées dans le dos, ce que je redoutais un peu. Je trouve ça vraiment douloureux, ça me coupe le souffle à chaque fois. Mais je n’ai pas vraiment de point de comparaison à ce moment là.

L’indice donné aux femmes enceintes pour la première fois, pour savoir quand venir à la maternité, c’est de compter 2h de contractions régulières aux 5 minutes. Vers 22h, elles sont là ces fameuses contractions régulières aux 5 minutes. L’homme dort déjà sur le canapé. Moi je suis à quatre pattes à côté. Je vais chercher mon ballon, il se réveille à ce moment là. Je lui dis de dormir, qu’on ne bougera pas avant 2 bonnes heures encore. Sur le ballon, ce n’est pas moins douloureux mais plus gérable. Je me penche sur l’avant quand une contraction arrive. Je met un truc insipide à la télé, je me met un peu dans ma bulle, me concentre. Le temps passe très vite. 2h après je réveille l’homme, je lui dit que je vais prendre une douche et finir ma valise. Il appelle la maternité pour leur dire qu’on ne tardera pas trop. La douche chaude a un gout de paradis. Rétrospectivement, j’étais tellement bien chez moi. Je gérais bien. J’aurais pu rester encore plus longtemps. Mais une peur reste encrée, j’ai encore besoin du corps médical pour me rassurer.

Le trajet en voiture est insupportable. Je ne gère absolument plus rien et la position prise n’arrange absolument pas les contractions futures. Ce trajet marque vraiment un tournant. Un tournant, non pas dans la douleur mais dans sa gestion, qui influencera de beaucoup ma réponse à la question de la sage femme : « Est ce que vous voulez la péridurale ». Question à laquelle je réponds oui. Avec regret. Mais je ne suis qu’à 3 cm de dilatation à mon arrivée vers 2h et je sais que le travail peut encore être long. Ma fille est à priori mal positionnée, ce qui me cause des contractions dans le dos. La sage femme appelle donc l’anesthésiste. Mais c’est la nuit du 14 juillet. Celle-ci est seule et déjà retenue sur une intervention.

En attendant, la sage femme me propose des alternatives pour gérer la douleur. Je prends un bain, le jet chaud sur mon dos me fait du bien. Quand j’en ai marre, la sage-femme me propose le ballon. J’y passe un long moment en attendant l’arrivée de l’anesthésiste vers 5h. Je suis à 6 cm environ. La progression est dans les « normes standards » (j’aime pas ça les normes standardisées mais elles existent). L’anesthésiste est loin d’être aussi sympa que le reste de l’équipe. Elle ronchonne qu’on l’a appelée trop tôt, qu’il y a encore le temps. Elle me fait mal en piquant. Elle est brute dans ses gestes. Elle ajuste la dose à mon poids et ma taille. Sans prendre en compte que certaines personnes réagissent plus fort à certaines substances, ce qui est mon cas. Pour moi, c’est une dose de cheval. Elle m’explique que je vais continuer à sentir encore un peu les contractions mais de moins en moins fort mais je n’en sentirai plus aucune. Elles sont là. Mais je ne les sens plus. Et en moins d’1h je ne sens plus rien d’ailleurs.

Le changement d’équipe se fait vers 7 ou 8h je ne me souviens plus. La sage-femme qui prend le relais est ma fée que j’ai rencontrée pour les rdv du 8e et 9e mois. À l’examen elle voit bien que la dilatation stagne depuis la pose de la péridurale. Quand je lui dis que je ne sens plus mes jambes du tout, elle comprend qu’il y a un lien. Elle diminue la dose de la péridurale et perce la poche des eaux. Je somnole un peu. Les souvenirs de cette matinée sont plus flous. J’ai du mal à réaliser que notre bébé est presque là. Vers 11h, j’ai de nouveau mal. Après examen, je suis à dilatation complète et ma fille commence à s’engager. Il faut attendre encore un peu. Je trouve la descente dans le bassin pire que les autres contractions. Celles-ci me coupent le souffle et la douleur semble presque permanente. Vers 11h35, tout le monde s’installe. Pas besoin de le lui rappeler, la sage-femme sait que je ne veux pas être couchée et elle approuve à 100%. Ma fille ne s’est pas tournée, elle arrive en OS (occipito-sacrée c’est à dire qu’elle regarde les étoiles) et la poussée va être ardue. Elle m’installe une barre à laquelle je me suspens pendant les contractions. De l’expulsion je n’avais que cette image qu’on voit à la tv, de ces équipes médicales qui hurlent littéralement sur les femmes «on pousse – on pousse – on pousse» tel une équipe de cheerleader déchainées. De ces soignants qui houspillent les femmes parce qu’elles font «n’importe quoi », qu’il faut se concentrer et bla bla bla. Pour la naissance de notre bébé, rien de tout ça. La sage-femme m’encourage doucement, sans me brusquer, elle s’arrête quand je suis épuisée. Je pleure, je vomis même, mais elle ne me dit jamais de me «concentrer». Je fatigue. Dans ma tête je me dis «elle sort maintenant» sinon je ne pousse plus. Je trouve ça bien drôle maintenant ! Comme si j’avais le choix ! Dans un dernier effort mon bébé naît. Je le prends sur moi. Tellement soulagée que ce soit fini que je ne regarde même pas ce que c’est. Le cordon est entre ses jambes, la sage femme le soulève pour me montrer, c’est une fille ! Notre Nora est née le 14 juillet 2011 à 12h05.

La suite est fabuleuse. Peau à peau jusqu’à plus soif en salle de naissance, pas de soin invasif. Première tétée … la première d’une très longue série.

Laure Bizard alias Maman Ours de Nora, Sacha et Côme

A venir le récit de naissance de Sacha et Côme (Québec)!


* Notez qu’il n’y a pas de lien direct entre l’image d’Amalgame Photographie et le récit d’accouchement.


Merci à mon amie Laure pour ce témoignage! Tu es la bienvenue pour écrire à nouveau via le blog et partager avec nous sur l’allaitement, le maternage, l’éducation Montessori et tout le reste! C’est une invitation 😉

signature MamanRebelle

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