
Se faire confiance en tant parent: Tout un apprentissage!

Depuis plusieurs années, en fait depuis qu’internet existe, je lis des histoires, témoignages, questionnements de mamans enceintes ou allaitantes dans des groupes de toutes sortes sur les réseaux sociaux.
Je vais commencer par le début : j’ai 9 enfants dont 8 biologiques. Tous allaités longuement. L’aînée a eu 30 ans en octobre 2015 quoi… Pis dès le départ je souhaitais allaiter, car après un visionnement de documentaire alors que j’avais plus ou moins 7-8 ans, j’ai décidé que les seins dans mon cas serviraient à allaiter. Bon. Fine… (prononcé à l’anglaise ici le mot « fine »).
Donc très tôt je me suis mise à lire de la documentation sur l’allaitement maternel, l’éducation bienveillante avec Thomas Gordon et toutes sortes de livres sur les enfants. A l’époque, y avait pas grand-chose, disons-le. La Ligue La Leche (LLL) était présente dans certaines régions du Québec mais pas là où j’habitais. Pourtant certaines mamans m’ont interpellée pour témoigner de mon allaitement dans une rencontre prénatale alors que j’allaitais Catherine qui devait avoir quelques semaines… Et on m’a recrutée pour faire partie d’un petit groupe « sélectif » de mères allaitantes.
A cette époque, les réseaux étaient durs à trouver, encore plus en Abitibi, croyez-moi! J’ai pourtant réussi à me débrouiller tant bien que mal avec mon bébé aux besoins intenses, avec un père bien peu proactif, en fait pas présent pantoute… J’allaitais à la demande, j’ai fait du cododo, je portais ma fille dans un Snugli (ok, porte-bébé de marde mais porte-bébé quand même). J’allais faire mes courses avec la petite dans la poussette, mais elle finissait inlassablement dans mes bras alors que la poussette servait à ramener l’épicerie, les courses ou rien pantoute. Mais bébé Catherine braillait pas, elle était dans mes bras.
J’allaitais partout. Elle me suivait partout. Pis je me posais pas de question à savoir si elle pétait trop, si elle régurgitait trop souvent, si elle avait des maux de ventre ou pas, si elle rotait assez ou pas, si je faisais bien ou pas… Bref, j’écoutais MON INSTINCT tabouère… Pis mon instinct, qui pensait que j’allaiterais environ 6 mois car c’était la norme (maximale et recommandée) des années 1980, donc oui cet instinct m’a dit de poursuivre et de continuer à allaiter car bébé était bien trop petite.
Pis je suis devenue enceinte de ma deuxième alors que Catherine avait 12 mois. Ben là… j’étais quand même pas pour sevrer ma si petite bébé parce que j’attendais un autre enfant??? On est en 1986-1987 là… Ben vous savez quoi? Le médecin de l’époque m’a référée à une nutritionniste parce qu’elle voulait s’assurer que j’étais ok d’allaiter en étant enceinte côté alimentation, vitamines, minéraux et alouette… Vous pensez que mon médecin voulait me taper sur la tête? Attendez la suite!
Je détestais la viande au plus haut degré étant enfant, ado et jeune adulte. La nutritionniste m’a suggéré quoi vous pensez? De sevrer??? Non… Elle m’a suggéré de devenir végétarienne. Oui, vous avez bien lu, début 1987 une nutritionniste de l’hôpital m’a suggéré de devenir végétarienne pour subvenir aux besoins de ma fille de 15-16 mois et de la petite dans mon ventre. C’était avant-gardiste hein!!! J’étais tellement heureuse de faire chier (« suer » serait plus poli mais insuffisant pour dire ce que je ressentais) le monde en allaitant en public avec ma bedaine.
J’ai réussi à survivre, à devenir végétarienne juste à l’accouchement de ma deuxième fille. Mais ceci dit, je ne m’en faisais pas tant : j’étais pauvre mais je savais comment bien manger. Pis là j’ai allaité en tandem pendant environ 4 mois. Toujours en 1987. Alors je me suis dit que j’étais pas pire pour l’époque, dans une région reculée comme l’Abitibi, de fournir du lait pour deux petites filles qui ne voulaient que dormir avec moi.
Pis j’ai eu 6 autres enfants bios après ça (avec un père plus présent). Imaginez la fille convaincue que l’allaitement maternel est ce qu’il y a de mieux, que l’alimentation végé est possible même pour les bébés. Pis au fil du temps j’ai même arrêté de faire des purées ou de les acheter, mes enfants mangeaient comme nous assez rapidement. Ce qu’on appelle aujourd’hui la diversification alimentaire menée par l’enfant. Je me rappelle une de mes filles qui voulait rien savoir de ce qui goûtait mauvais en purée qui a englouti un spaghetti maison végétarien avec plein de légumes dedans. Ok, je donnais aussi des beurres de noix avant un an, des raisins secs assez tôt dans l’alimentation, des mets mélangés, et ce, sans me poser de questions à savoir si j’étais une bonne mère ou pas.
Ce qui me désole en 2016 (parce que mon article est une montée de lait quand même!!!) c’est de lire toutes sortes d’affaires sur les réseaux sociaux qui empêchent parfois les mères de se responsabiliser face à leurs choix. On dirait qu’elles dépendent des modes, des autres, de groupes FB, de tendances… Quand on me questionne à savoir si un bébé qui ne fait pas ses nuits à trois mois est normal j’ai envie de hurler (meugler, rugir, brailler…) : ben tu t’attendais à quoi en devenant maman? C’est vrai que nous sommes peu informées par nos pairs ou nos mères (hahaha) mais ça reste une responsabilité personnelle de voir à explorer nos valeurs face à la famille que nous sommes en train de devenir.
Tsé que tu allaites ou pas, ton numéro un ou deux (ou 8) aura des besoins même la nuit. Arrête de questionner ta mère, ta voisine, ta grand-mère, ton mari pis zut fais-toi confiance…
C’est correct de s’informer, je le faisais aussi beaucoup en m’instruisant via des livres recommandés par la Ligue La Leche (et je le fais encore puisque des tonnes de livres sont apparus sur le marché) … Il faut juste s’assurer de lire les bonnes affaires, de prendre des références selon nos convictions car il y a du n’importe quoi aussi qui est proposé sur le web. Quand je vois les mamans se laisser envahir de toutes sortes d’informations alors que notre instinct est puissant ça me dérange. Pis je me dis que ça devient une mode de toujours demander l’avis des autres pour se rassurer… L’instinct est présent sinon la race n’aurait pas survécu! J
Regarde ce qu’il y a dans ton cœur et dis-toi que bien des réponses s’y trouvent…
Pascale Pouliot, Travailleuse sociale et Médiatrice familiale
Questions, commentaires? N’hésitez par à contacter Pascale sur sa Page Facebook ou via son site web.
Un petit mot de Pascale : Je suis l’heureuse maman de neuf enfants avant tout, végane, écolo et un peu timbrée! Médiatrice familiale et travailleuse sociale, je m’intéresse beaucoup aux défis des couples et aux familles qui rencontrent des difficultés liées à l’organisation familiale. Voilà pourquoi je développe une pratique entourant la médiation et la coparentalité.
Je suis disponible pour répondre à vos questions et pour vous accompagner dans un cheminement vers le mieux-être familial. Je vous soutiendrai dans cette démarche pour encourager une saine gestion des conflits et éclaircir les obstacles entourant la communication.
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3 réflexions sur « Se faire confiance en tant parent: Tout un apprentissage! »
AMEN. À force de se dire quoi faire-penser et comment, on en oublie que nous sommes les seuls à savoir ce qui est bon pour notre famille. <3 Il faut reprendre le contrôle. Choisir et assumer.
de se faire dire *
Effectivement il faut être capable d’écouter son ♡ et suivre son instinct.