
Manger en accouchant? Plus agréable qu’un soluté de glucose !
Cet article était en préparation depuis un petit bout de temps mais la parution récente d’une étude réalisée ici au Québec m’en a fait changer un peu l’introduction, je vous laisse découvrir pourquoi! Le temps où on vous interdisait de manger en accouchant est révolu.
Il n’y a pas si longtemps encore, il était interdit de manger et de boire lorsque le travail de l’accouchement avait commencé. A cette époque, pas si lointaine, l’accouchement était pratiqué sous anesthésie générale, la femme était attachée et intubée. Pour éviter que des vomissements surviennent au moment de l’intubation, l’interdiction de s’alimenter était préconisée comme pour toute autre intervention chirurgicale. L’épidurale a remplacé tranquillement l’anesthésie générale mais la restriction, elle, a été maintenue au cas où on aurait finalement recours à une césarienne.
L’accouchement naturel reprend doucement sa place et la pertinence de laisser les femmes à jeun pendant un nombre d’heures incalculables devient dérisoire.
Le sucre réduit la durée moyenne des accouchements
J’en veux pour preuve cette récente étude réalisée par le Dre Josianne Paré au Centre de Recherche du Centre Hospitalier Universitaire de Sherbrooke. l’étude mentionne que le sucre peut améliorer la performance musculaire en cas d’exercice prolongé (comme lorsqu’on court un marathon par exemple) et que c’est la même chose pour le muscle utérin lors de l’accouchement. Celui-ci a besoin de sucre pour fournir l’énergie nécessaire à la naissance du bébé.
L’étude a été faite sur des femmes induites donc ayant un accès veineux et à qui on a mis un soluté de glucose (sucre) plutôt qu’un soluté salin (sel). L’étude établit que la supplémentation en glucose abaisse considérablement le temps de l’accouchement.
Les résultats de cette étude ont été repris dans des dizaines d’articles ici et partout dans le monde : Le journal de Montréal, France TV info, Nouvelles Canada, Magic maman, neuf mois, etc.
Du coté des professionnels qui tendent à revenir aux bases de l’accouchement physiologique on se désole un peu de l’impact qu’une telle étude pourrait avoir sur les croyances populaires.
En effet, l’amalgame est vite fait de se dire qu’une perfusion de glucose permettra d’accélérer l’accouchement TOUTES situations confondues et de proposer systématiquement la pose d’un soluté aux femmes qui accouchent. Surtout quand on sait que la pose d’un soluté en vue d’une induction est LA PREMIÈRE étape d’une cascade d’événements menant à la pratique d’interventions médicales et notamment à la césarienne.

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Manger en accouchant, des bénéfices considérables!
L’accouchement dure en moyenne 12 heures et plus et la dépense d’énergie requise correspond effectivement à celle d’un athlète courant le marathon. Autant dire qu’il est impératif de s’alimenter un minimum et surtout de s’hydrater à volonté. J’espère que la suite des études qui seront menées mettra en lumière que MANGER et S’HYDRATER pendant l’accouchement apporte des bénéfices bien plus considérables encore qu’un soluté de glucose 😉
Je remercie le Dre Josianne Paré pour son étude et j’espère juste que cette réflexion pourra la faire cheminer dans ce sens, je n’ai malheureusement pas trouvé comment la contacter pour discuter de cet enjeu directement avec elle. Je suis certaine que ça aurait été une discussion des plus enrichissante.
Les directives cliniques mentionnées au journal des obstétriciens et gynécologues du Canada (volume 38, de septembre 2016) recommandent entre autre qu’on “devrait laisser aux femmes peu susceptibles d’avoir besoin d’une anesthésie générale le choix de manger ou de boire comme elles le souhaitent ou selon ce que permet la phase de travail” et cela pour favoriser l’accouchement vaginal et optimiser les issues de la grossesse.
Christopher Harty et Erin Sprout, étudiants en médecine à l’Université Memorial (Canada) ont analysé 385 études publiées depuis 1990 et ont conclu que le jeûne durant l’accouchement pourrait même être risqué. Le corps privé de nourriture puisera de l’énergie dans la masse graisseuse, augmentant l’acidité du sang de la mère comme de l’enfant, pouvant entraîner une diminution des contractions utérines, un travail plus long et la naissance d’un bébé moins tonique. En début de travail, les femmes seraient donc encouragées à prendre un repas léger incluant des fruits, des soupes légères, des toasts, des sandwiches légers, du jus et de l’eau. La plupart des femmes constatent avoir moins d’appétit pendant le travail très actif. Elles peuvent néanmoins continuer à boire des liquides comme de l’eau et des jus clairs. Les étudiants spécifiaient néanmoins que ces recommandations s’appliquaient aux femmes en bonne santé et dont la grossesse ne présentait aucun facteur de risque (éclampsie, prééclampsie, obésité).
Pour celles qui sont convaincues que manger et s’hydrater pendant l’accouchement peut faire une différence, je vous propose ici plusieurs recettes à faire d’avance et des encas à prévoir pour l’accouchement. Pour les autres, je vous invite à vous rendre compte que la suite du menu est plus attrayante qu’un soluté de glucose 😉
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Jocelyne Gaudy, Infirmière et Accompagnante à la naissance

Maman de 2 garçons nés en 2003 et 2011, ma vision de la naissance et de la grossesse a été complètement chamboulée par ma formation d’accompagnante à la naissance et les formations suivies par la suite.
Au quotidien j’occupe le métier d’infirmière, un travail qui me passionne et qui se conjugue très bien avec celui d’accompagnante. J’ai travaillé durant plus de 10 ans avec des bébés prématurés ; un domaine à la fois difficile et plein d’espoir, où la vie est si précieuse qu’on la maintient par des tas de fils!
En tant qu’accompagnante à la naissance, je vous aide à mieux vivre votre grossesse, votre accouchement et l’accueil de votre nouvel enfant. Je vous encourage à prendre soin de lui en vous enseignant l’art du massage pour bébé et du bain relaxant, véritable moment de détente après la naissance ou durant la période des coliques.
Références :
Grossesse et accouchement droits des femmes, Association pour la santé publique du Québec
revue cochrane.org – Faut-il autoriser les femmes à boire ou à manger durant l’accouchement?
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