
Être un partenaire efficace pendant l’accouchement
Une des questions que me pose régulièrement le partenaire lorsque j’accompagne les couples en prénatal c’est « qu’est-ce que je peux faire pour aider ma conjointe pendant l’accouchement ?».
Ce à quoi je réponds : Être là !
Ma réponse à l’air simpliste et pourtant, elle est à la fois fondamentale et plus ambiguë qu’on ne le pense !
« Imaginez votre petit bébé sur une barque en haute mer, ballotté par les eaux. Imaginez votre compagne tenant la barque à bout de bras et nageant de toutes ses forces pour ramener la barque vers la rive. Vous sur la rive, leur lançant une bouée pour les aider à avancer en toute sécurité. » L’accouchement ressemble pas mal à ça!
Être là
Être présent le jour de l’accouchement, ne veut pas seulement dire conduire l’auto pour vous rendre sur le lieu de naissance et porter les valises. Votre conjointe aura besoin que vous soyez impliqué dans le processus et que vous la souteniez dans ses efforts.
Votre seule présence peut faire toute la différence! Vous êtes sans conteste la meilleure personne pour l’accompagner. Pourquoi ?
Parce que vous la connaissez sur le bout des doigts. Vous connaissez ses forces et ses faiblesses, sa réaction face à la douleur, son comportement lorsqu‘elle est fatiguée, les choses qui l’irritent, les jockes qui pourraient la faire rire …
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Prendre les décisions à deux
Pendant la grossesse, discutez avec votre conjointe des points importants concernant l’accouchement. Impliquez-vous dans les choix entourant l’arrivée de votre bébé et remplissez ensemble le plan de naissance. Le jour de l’accouchement, lorsque votre compagne sera concentrée sur la gestion des contractions vous pourrez faire office d’interlocuteur et répondre aux diverses questions des intervenants. L’accouchement n’est pas un chemin tracé d’avance et vous serez sollicité à plusieurs reprises pour déterminer l’avancée du processus : surveillance du bébé par monitoring, proposition d’aller dans le bain, installation du soluté, proposition de prendre la péridurale, position d’accouchement, etc.
Il sera plus facile de prendre vos décisions si vous en avez parlé en couple à l’avance.

Donner toute votre attention
Les contractions de l’accouchement vont augmenter en intensité et devenir de plus en plus rapprochées. Inutile de vous dire que vous allez devoir être concentré sur une seule et unique chose : aider votre conjointe à gérer la douleur des contractions.
Oubliez votre cellulaire, les appels à la famille, etc.
Si vous vous êtes un peu renseigné pendant la grossesse vous avez plusieurs outils dans votre sac pour l’aider : massage, effleurement, point de pression, Méthode Bonapace, position et mouvement sur le ballon, encouragement et j’en passe.

S’outiller pour l’accouchement
Si vous voulez être soutenant pour aider votre conjointe, il va être important de vous outiller efficacement. En assistant aux cours prénataux vous apprendrez à reconnaître les signes précurseurs qui annoncent que le travail est commencé. Vous découvrirez comment se déroule l’accouchement et surtout quoi faire au fur et à mesure que l’intensité des contractions augmente. En connaissant le processus vous-même, vous pourrez rassurer votre compagne sur l’évolution du travail. Pour savoir où trouver des cours prénataux qui vous ressemblent c’est ici.
En plus vous allez découvrir une full d’outils pour aider la future maman à gérer les contractions : massage et effleurement, point de pression, utilisation du Rebozo, bienfaits de l’herboristerie et des huiles essentielles, visualisation positive, sophrologie, hypnose, patience et lâcher-prise !
Avec ça vous allez être le Number 1 dans le cœur de maman pour un bon bout de temps.
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Quoi dire, quoi faire le jour J ?
En début de travail, gérez son stress
Lorsque les premiers signes de travail apparaissent, il se peut que votre compagne se mette soudain à être anxieuse : peur d’avoir mal, peur des complications, angoisse de ne pas être la hauteur, etc. Rassurez-la, dites-lui qu’elle est forte et que son corps sait comment faire naître le bébé. Dites-lui aussi qu’elle se prépare à faire une belle rencontre et que chaque contraction la rapproche un peu plus de son bébé.
Rappelez-lui de relâcher la mâchoire et les épaules. Plus elle sera détendue, mieux son col va pouvoir s’ouvrir pour laisser passer le bébé. Un petit dicton qu’on entend souvent dans le monde de l’accompagnement « bouche molle, col mou ».
Mettez-lui de la musique douce ou tout du moins la musique qu’elle aime. Psst, prévoyez de lui préparer une play-liste de ses musiques favorites pendant la grossesse, elle va adorer cette petite attention.
Faites le décompte des contractions
Vous aurez appris que si le travail commence par la perte des eaux, vous devez normalement vous rendre à l’hôpital dans l’heure qui suit. Si le travail commence avec des contractions, rappelez-lui qu’elle peut aller prendre un bon bain relaxant pendant une heure pour évaluer si ce sont de vraies contractions ou si ce sont des braxton Hicks. Si déjà là vous ne savait pas trop de quoi je parle c’est que vous avez besoin de cours prénataux 😉
Si les contractions sont régulières et qu’elles vont en s’intensifiant, c’est que le travail est commencé. Vous pouvez noter quelques contractions toutes les heures pour voir si leur intervalle se rapproche. Vous pouvez utiliser un petit calepin ou télécharger une application sur votre cellulaire comme :
- en français : Ma grossesse, Contractions, Bébé arrive !
- en anglais : ibirth, Full Term, Contraction Master, Contraction Timer,
Rappelez à votre conjointe qu’elle doit rester active sans trop s’épuiser. Marcher, faire du ballon, changer de position régulièrement, va permettre au bébé de faire son chemin à l’intérieur du bassin et favorisera un accouchement plus rapide.
Donnez-lui beaucoup d’amour
Les spécialistes s’entendent pour dire que l’accouchement est un processus sexuel. En effet, les hormones produites au cours de l’accouchement sont les mêmes que celles produites pendant qu’on fait l’amour. En plus d’aider votre compagne à faire son nid pour l’accouchement, je vous encourage à la prendre dans vos bras, à lui dire des mots doux dans l’oreille, à lui démontrer votre amour par des baisers, des caresses, des massages légers dans le dos, sur les cuisses ou sur le ventre si elle le tolère.
Vos gestes l’aideront à se détendre, à se relâcher et à se laisser aller. Le processus de l’accouchement implique un maximum d’ouverture et de lâcher-prise. Lorsqu’on est relâché les muscles et les ligaments ont plus de facilité à travailler pour laisser descendre le bébé.

Y aller une contraction à la fois
Incitez votre compagne à se plonger dans un bon bain relaxant, elle peut normalement y rester autant qu’elle veut. Si vous avez décidé de donner naissance à l’hôpital, elle pourra avoir accès au bain aussi longtemps que les membranes ne sont pas rompues (c’est à dire que la poche des eaux est intacte). Elle aura besoin de vous pour entrer et sortir du bain, l’essuyer et remettre ses vêtements. Ça à l’air bien basique mais sans votre aide se sera vraiment plus compliqué.
Rappelez-lui régulièrement de boire des petites quantités d’eau pour éviter de se déshydrater et de manger des petites bouchées pour reprendre de l’énergie. Pour avoir plein de petites recettes d’encas et collations à préparer pour l’accouchement c’est par ici 😉
Faites-lui penser qu’elle doit aller régulièrement vider sa vessie pour éviter que celle-ci bloque la descente du bébé. Aider-là à se déplacer. Dites-lui de laisser la porte débarrée pour que vous puissiez venir l’aider en cas de contractions.
L’intensité des contractions va se faire de façon graduelle, adaptez vos outils pour la gestion de la douleur en conséquence (rappel, si vous n’avez pas d’outils pour la soutenir, ça vous en prend ! Dans les cours prénataux, vous allez apprendre pourquoi ces outils vont aider à soulager la douleur et pourquoi cela va aider votre couple à resserrer les liens et à accueillir bébé de la meilleure manière qui soit).
Au début de la phase de latence, vous pouvez y aller avec des effleurements et massage légers ou encore un bain chaud. Vous pouvez faire un exercice de visualisation pour aider la future maman à se mettre dans sa bulle et à se détendre. N’oubliez pas d’être proactif et d’aller au-devant de ses besoins. Soyez aussi à l’écoute de ses demandes, si elle vous dit qu’elle préfère des massages plus légers ou au contraire plus appuyés, adaptez-vous.
Lorsque vous allez rentrer dans la phase dite active de l’accouchement, les contractions seront plus rapprochées et plus fortes. Selon la tolérance de la maman, passez à des massages plus prononcés. Vous pourriez aussi lui faire des points d’accupression qui l’aideront à gérer la douleur des contractions. Tout au long de l’accouchement garder en tête que votre partenaire doit rester mobile, c’est une des clefs pour diminuer la durée de l’accouchement. Si elle vient à être fatiguée et qu’elle veut s’allonger un peu, rappeler-lui que la position couchée sur le dos est à proscrire et qu’elle devrait plutôt s’allonger sur le côté, en plaçant un coussin entre ses jambes.
Rassurez-la dans les moments plus difficiles lorsque les contractions seront à leur maximum en lui disant que le plus gros du chemin est fait et que la rencontre avec bébé est tout proche. Encouragez-la à se faire confiance, à laisser son corps travailler. Dites-lui ce que vous voyez et lorsque la tête du bébé commence à apparaître.
Accompagner votre bébé
N’oublions pas que bébé fait un énorme travail pour venir au monde. Lui aussi a besoin d’être soutenu et accompagné. Comment ? En lui parlant, en lui signifiant votre présence et en posant votre main sur le ventre de maman. Lorsque votre conjointe est installée sur le ballon, bercez-les, elle et le bébé.
De plus en plus de scientifique se penchent sur ce que peut ressentir le fœtus pendant la grossesse et l’accouchement. On sait maintenant qu’il est capable de voir, sentir, entendre, goûter dès la seconde moitié de grossesse. Il est capable d’éprouver des émotions, de communiquer avec son environnement, notamment sa mère et son père. Pour en savoir davantage, je vous invite à lire cet article “le fœtus, cet être sensible”. En cours de grossesse, une préparation affective à la naissance (approche issue de l’haptonomie) vous permettra d’établir un véritable lien avec lui et d’apprendre à le connaitre.

Vous devriez être au comble de l’émotion lorsque bébé pointera le bout de son nez !
Je n’ai pas d’autre conseil hormis « gâtez-vous » ! Prenez le temps d’observer votre bébé et votre partenaire avant de sortir votre cellulaire. C’est une formidable rencontre, graver la dans votre mémoire et imprégnez-vous de ce cocktail d’émotions qui viendra nourrir votre famille pour de nombreuses années.
Un merci tout particulier à Karine Dumont et Junny Photographie d’avoir partager leurs magnifiques photos.
Jocelyne Gaudy, Infirmière et Accompagnante à la naissance

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