Souvenir de ta naissance

Souvenir de ta naissance

Alors que j’émerge tranquillement de ce qui sera ma dernière nuit avec toi au creux de mon ventre, je suis éblouie par le soleil du matin. Il fait doux dehors, ça se voit. Il fait bon d’être nous, ça se sent. Bientôt nous serons trois… enfin! Alors je « bondis » du lit accompagnée de mes magnifiques kilos supplémentaires que je porte si fièrement, pour une fois. Je me sens belle. Mon homme pose souvent ce regard généreux et charmant sur moi. Je suis épanouie. Je me sens préparée et j’ai hâte de vivre cet accouchement.

 

Nue, j’ouvre grande la porte-fenêtre de notre chambre. Alors que je sors sur notre balcon, je suis baignée de rayons lumineux. Les champs de maïs sont à perte de vue, l’air est bon. Je profite de ce moment. Je respire. La campagne me rend heureuse, moi, l’ancienne fille de ville. Nos arbres fruitiers bourgeonnent, les framboisiers verdissent, les lilas m’enivrent, les canards pataugent dans l’étang et les oies criaillent, fidèles à leur habitude. Pacifiée par ce moment de nature, je retourne à l’intérieur… non sans me dire que j’ai bien hâte de le rencontrer, ce petit. Cette addition merveilleuse au couple uni que nous formons, mon mari et moi.

 

Mon regard se pose sur l’horloge. Il est 7 h 45.

 

Nous avons la journée devant nous et mon homme a congé du travail. C’est fantastique. Nous irons cueillir les asperges et récolter les œufs de nos poules pour déjeuner. Puis, subitement, un spasme me secoue. J’ai cette envie impérieuse et soudaine …d’aller à la selle maintenant. C’est ici que le romantisme campagnard prend fin. Désolée. Une fois, deux fois, trois fois… Diantre! Est-ce une gastro? Une intoxication alimentaire? Nue, sur le trône, j’ai chaud et je ne comprends pas ce qui se passe. Mon mari, aussi empathique que désarmé, ne me lâche pas du regard et me lance : « Crois-tu que ça puisse être des contractions? »

 

« Ben sûr que non! Pfff! », me dis-je, le visage crispé, car j’arrive à peine à m’exprimer.

 

Aux cours prénataux de la maison de naissance, on m’a expliquée qu’en période de latence j’allais devoir me cocooner, me relaxer, faire des muffins, écouter un film, me détendre, et surtout, éviter de m’épuiser. Mais là, maintenant, j’ai la gastro la plus subite et violente de toute une vie. Je suis pliée en deux sur la toilette (aussi pliée qu’une femme à terme puisse l’être), le visage écarlate, en sueur et j’arrive à peine à ouvrir la bouche pour discuter avec mon homme. « Bien sûr que non, voyons! Les muffins! Je n’arriverai jamais à faire des muffins maintenant, pas dans mon état! On m’a assurée que je ferais des muffins quand je serais en latence. Ça n’a rien à voir avec une latence tout ça! J’ai une salmonellose, je ne vois pas ce que ça pourrait être d’autre. » Après la vidange entière de mon organisme, mon amoureux décide de calculer mes contractions. Car clairement, le doute subsiste dans son esprit.

 

4 minutes et 5 secondes

1 minute et 33 secondes

41 secondes

 

Je n’ai pratiquement pas de pause, et ces données n’ont aucun sens. Aucune courbe logique n’en ressort. Puis, après 10 minutes de ce manège agressif, où j’ai clairement oublié de m’attacher, j’ai enfin un répit. Je brosse rapidement mes dents, je mets un peu de déodorant. « Si je suis vraiment en train d’accoucher… je vais avoir chaud comme je n’ai jamais eu chaud », me dis-je. Je retourne au lit, et je spasme intensément et de manière plutôt continue. J’essaie de gérer ce que mon corps vit, de trouver une position idéale, en vain. L’inconfort est généralisé et sans interruption.

 

Puis, sans l’entendre arriver, j’aperçois mon accompagnante qui est là. Elle me flatte, me fait des douceurs, m’éponge le visage. Mais je suis tellement réfractaire à toutes ses petites attentions. « Non merci! », dis-je dans un moment bref de répit. Je suis mal à l’aise de lui dire ça, d’être aussi sèche. J’ai pourtant retenu ses services en partie pour ça. Ce n’est pas contre elle, mais je suis mal physiquement, les contractions me possèdent toute entière. Je n’arrive pas à être bien dans aucune position. Je me dis que la journée va être longue.

 

8 h 30

 

Comme dans un rêve, une femme vient me toucher le bras de sa main froide, mais délicate. Cette froideur me fait tellement de bien. J’ai si chaud. J’ouvre les yeux. « Est-ce un ange? » C’est plutôt Amélie, une de mes sages-femmes. Je suis rassurée. Papa n’est plus seul dans cette aventure. Il a du renfort maintenant. Mon accompagnante et la sage-femme veillent au grain. L’Équipe est là! En même temps, je sais que la seule équipe qui compte vraiment, c’est celle que bébé et moi formons. Nous travaillons tellement fort… et en mode express! Il semble que je sois ouverte à 7 cm déjà. Tout ça en 45 minutes seulement. [Je ne l’ai su qu’après mon accouchement, car j’ai demandé à ne recevoir aucune information sur l’heure, l’ouverture ou la dilatation de mon col, la stagnation ou autre. D’après mes recherches, ces termes pourraient devenir anxiogènes pour la femme selon les circonstances. Je me suis bien informée sur le sujet et je désire plus que tout rester dans mon cerveau reptilien. Être un animal, un mammifère qui accouche dans sa forme la plus fondamentale et naturelle qui soit. C’est, semble-t-il, de cette façon que la femme enfante le plus aisément. Odent, St‑Amant, LeBoyer, Bonapace, Gaskin, Bayot, Langlois… sont unanimes sur ce sujet. Ce sont des obstétriciens, des gynécologues, des spécialistes de la gestion de la douleur, des médecins, des chercheurs, des sages-femmes. Je les ai tous lus. Ils croient en la femme, ils croient en moi…]

 

Je ne peux que me faire confiance maintenant, et à toi aussi, mon petit. Je sais que tu travailles fort en ce moment. Je suis heureuse de t’accompagner dans cette naissance naturelle. C’est mon cadeau à moi… et à toi. Mon homme m’annonce que la piscine d’accouchement est remplie et prête à m’accueillir. J’accueille la nouvelle comme une enfant qui voit arriver le marchand de glaces. J’entre, sans hésiter une seconde dans l’eau tempérée. Je suis une baleine, ça ne fait pas doute. Délivrance! Quel bonheur! C’est comme cette sensation réconfortante d’entrer dans le chalet après une longue journée ski. Il ne manque que le chocolat chaud. J’y passerais des heures. Quelle sensation de légèreté, d’apesanteur! Instantanément, je me sens bien. Ça se gère, enfin. Maintenant, c’est moi qui possède les contractions. C’est MA « game » maintenant!

 

Souvenir de ta naissance | Récit | Cocoon Bien Naître
Crédit photo : Junnyphotographie

 

Me vient alors l’idée de faire le dernier CD de mon programme d’hypnose. Ça va tellement me détendre. J’ai fait trois fois le programme lorsque j’étais enceinte. Je suis convaincue que ça va me relaxer. Dans un moment de répit, je tente maladroitement de mettre les écouteurs. J’entends la musique s’amorcer en douceur, puis la voix posée et zen de la narratrice qui me dit bien trop lentement à l’oreille : « fééélicitationnns votre bébéééé arriveeee bientôt. Maintenannnnnt, respirezzzz et imaginezzzz votre endroiiiiit parfaitttt… » Puis, boum! À cet instant, je reçois la décharge d’une contraction soutenue et éprouvante qui, ma foi, ressemble plus à une poussée qu’à autre chose. Ce que je vis n’a rien à voir avec ce qu’elle me dit! Rien! Ça m’agresse intensément tellement c’est hors circonstances. J’en fais presque une affaire personnelle. Je vis un torrent physique, la mer à l’intérieur de moi est déchaînée, et j’ai besoin d’aide pour ne pas couler. Son ton de voix m’agace vraiment. Moi qui m’étais assidûment appliquée à ce programme pour alléger le « travail » le temps venu. [J’ai su après coup que l’idéal était de le commencer pendant la période de latence. Celle que je n’ai pas eue. Les muffins que je n’ai pu faire.]

 

J’arrache les écouteurs! Basta, l’hypnose! Je ne peux compter que sur moi, mon bébé et mes hormones dorénavant… et sur mon mari, qui me fait d’efficaces points de pression sur les sacro-iliaques.

 

Souvenir de ta naissance | Récit | Cocoon Bien Naître
Crédit photo : Junnyphotographie

 

Submergée d’eau et d’impatience à l’idée de rencontrer le deuxième homme de ma vie, je ferme les yeux et je décide de me faire confiance. Je prends une longue et profonde respiration et je ferme les yeux. « J’ai tout en moi pour m’accompagner, j’ai la force », me dis-je. Alors je pars. Ailleurs. Pas dans le mental. Pas de technique, pas de programme. Ailleurs. Bien plus loin. En moi. Un état second. En transe, en méditation profonde, allez savoir. C’est alors que je rencontre la louve qui m’habite. Forte, décidée et confiante. Au même moment, parallèlement, je vis un puissant lâcher-prise et me laisse emporter par ces vagues. Je les accepte, les accueille. De l’extérieur, la vision est différente : je gémis, je grogne et je hurle même. Pourtant je n’ai pas mal. Quel paradoxe! Vocaliser m’aide, comme si ça bonifiait mes contractions, les encourageait. Je suis une ourse, ça ne fait pas de doute.

 

Je ne résiste plus.

Tout va bien.

Je suis à ma place.

J’accueille ce moment.

J’embrasse l’événement.

 

Aussi « loin » que je puisse être, dès que papa retire ses pouces de mon dos, la douleur revient et me fait émerger de ma transe méditative. Depuis que je fais saucette, que je lâche prise et que papa appuie sur mes sacro-iliaques, c’est de l’effort uniquement, sans la douleur. Quelle expérience, vraiment! Je suis fascinée par ce que nous vivons. Quelle chance d’être ici chez nous, dans notre confort, dans nos choses, et d’avoir un accouchement respectueux qui nous ressemble!  Mon mari remet ses pouces en place. Ou peut-être est-ce Marie-Ève, mon accompagnante. Je peux alors redescendre en moi. J’habite mon corps. Je me répète les phrases que j’ai apprises par cœur : « mon corps est fait pour accoucher », « mon bassin s’ouvre et te laisse passer », « je t’attends ». Je suis ainsi, dans l’eau, les yeux fermés, à vivre mon accouchement le plus profondément et humainement possible. Je n’ai aucune notion du temps ou des gens qui m’entourent. Je suis vraiment ailleurs. Je grogne et je crie souvent, mais je ne prononce que peu de mots, si ce n’est qu’une ou deux monosyllabes de temps à autre, comme « soif » et « froid ». On me donne de l’eau, on réchauffe l’eau de ma piscine. J’entends parfois la photographe capturer ces moments importants pour moi. J’ai souvenir que ma sage-femme était légèrement ennuyée par le bruit de l’appareil, trop présent selon elle pour cette circonstance.

 

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Crédit photo : Junnyphotographie

 

Je glisse curieusement mes doigts à l’intérieur de mon vagin. J’y palpe la tête de mon fils.

 

Mon fils.

 

Celui qui vit actuellement la même tornade physique que moi. « Quelle étroitesse! », me dis-je. Je pense à lui, à son corps, à son petit crâne que je sens avancer puis reculer à chacune des vagues qui me rapprochent de lui. J’invite mon mari à le toucher aussi. Il dépose doucement ses doigts et entre pour la première fois en contact avec son garçon. Nos regards se croisent et mon cœur se gonfle de fascination devant la grandeur, mais aussi devant le naturel de la situation. Ce que nous vivons à cet instant est unique. Ce que ce papa vit à cet instant est grandiose. Je me sens adoucie, entière et compétente.

 

Et puis, je repars à moi, après ce bref retour à la surface. Je m’abandonne une fois de plus. Je retourne dans ma bulle étanche, dans mon monde lointain. Je parle à mon garçon dans ma tête, je l’accompagne, le rassure : « Maman est avec toi, tout se passe bien. Nous travaillons ensemble, je t’attends. » Je visualise tous les tissus de mon bas ventre aptes à s’étirer à l’infini. J’accepte chaque contraction et ne résiste pas. Je ne ressens pas de douleur. Tout est accueil. Quelques vagues passent puis mon accompagnante me presse légèrement l’avant-bras. Par ce toucher, je refais surface. La sage-femme m’annonce que c’est l’heure. Que la tête est prête à naître et qu’elle a passé suffisamment de temps dans mon petit vestibule. D’une voix douce, chaleureuse et à peine directive on me dit : « À la prochaine contraction, donne tout ce que tu as ma belle Karine… » Je sors de ma bulle, je suis de retour dans ma maison. Je reçois cette information en hyper vigilance et la capte comme un commandement. « Bien reçu, tu peux compter sur moi », me dis-je.

 

Alors j’attends avec impatience cette fameuse prochaine contraction. Dix secondes passent, puis dix autres, qui me semblent interminables. Je patiente encore cinq secondes, qui me paraissent aussi une éternité. « Pourquoi donc ne vient-elle pas cette foutue contraction? J’en ai pourtant en rafale depuis ce matin! Où est-elle? Que se passe-t-il? Est-ce à cause de mon retour dans le monde réel, de mon mental, de mon néocortex, que je n’ai plus de contractions ni de poussée? Je ne sécrète plus d’ocytocine ou quoi? » Je ressens une très légère pointe de stress pour la première fois de la journée. « Tant pis, je n’attends plus cette foutue contraction. Je vais la simuler. J’ai plus que confiance en mes capacités. C’est moi la chef et JE suis aux commandes de cet événement », me dis-je, lionne. La pointe de stress disparaît comme neige au soleil. De tout mon corps, de toute mon âme, je simule la poussée la plus puissante que je puisse générer. Je crie comme une damnée. Puis, j’arrête à bout de souffle. Physiquement, je ne sens rien. Je n’ai aucune douleur. Mon corps est inondé de cette hormone naturelle anesthésiante, l’endorphine.

 

 

Sylvie, ma sage-femme m’annonce que je dois sortir de la piscine. Bien que je remette en doute la pertinence de cette idée, j’enjambe comme une gazelle la piscine et je sors sans broncher. Je m’installe à quatre pattes au sol. Le transfert se fait très bien, je ne sens absolument rien, même pas un léger inconfort. C’est fou comme cet accouchement me surprend, m’ébahis. C’est alors que j’entends la sage-femme dire à voix haute; « la tête est née à 11 h 25 ».

 

« Pardon? Heu? Excusez, vous dites? La tête de mon garçon est sortie? Comment est-ce possible alors que je n’ai rien senti et que je ne sens toujours rien? » Est-ce que je viens tout juste d’enjamber ma piscine d’accouchement avec la tête de mon garçon entre les cuisses? Je l’aurais sentie quand même! C’est irréel. Je n’en crois rien. Pour vérifier, je plonge ma main en douceur vers mon entre-jambes afin de caresser ce petit bout de crâne tout juste sorti.

 

Tu es là. C’est bien vrai. Du moins, ta tête. Je suis émue, fébrile et à la fois stupéfaite. Je n’ai rien senti. Pas même ce fameux « anneau de feu », que j’appréhendais. Et je ne sens toujours rien. Mon corps est comme « déconnecté » depuis les dernières heures. Odent, St-Amant, LeBoyer, Bonapace, Gaskin, Bayot, Langlois… ils disaient vrai! Puis, malgré tout mon étonnement, je me ressaisis. Je dois mettre au monde mon enfant. Ce n’est pas terminé. Il attend là, coincé entre mon corps et les mains tendres de son père qui ne souhaite que le cueillir.

 

J’attends la prochaine contraction pour pousser… mais elle ne vient pas. Même manège. Malgré une brève attente, elle n’arrive pas. Qu’à cela ne tienne! Je suis maître chez moi! Je referme les yeux, j’empoigne la serviette au sol et je visualise toute la puissance et l’énergie que les femmes portent en elles depuis les débuts de l’humanité pour mettre au monde leurs enfants. Je m’imagine au milieu de cette force commune, je la canalise en moi… et je deviens une amazone.

 

Mon image mentale est transcendante et parvient à m’emplir d’énergie brute. Mon corps est totalement anesthésié. Je simule une poussée gargantuesque, je crie comme une ogresse…

 

Et papa cueille notre petit bout d’homme de ses deux grosses mains chaleureuses.

Du moins, au son, c’est ce que je présume, car tout le monde semble ému. Encore une fois, je n’ai rien senti. Je me retourne et constate avec ivresse qu’Alfred est né. Sans attendre, papa me l’offre.

 

Il est 11 h 26. Le temps s’arrête.

 

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Crédit photo : Junnyphotographie

Note de l’auteur

Je me rappelle, il y a trois ans, à quel point je cherchais de l’information sur la naissance naturelle et physiologique et j’espérais tant déconstruire les mythes affreux sur l’accouchement afin de positiver ma démarche et mes choix. J’écris donc ces quelques lignes supplémentaires pour les femmes et les hommes que mon récit inspire : informez-vous et préparez-vous au merveilleux événement que vous allez vivre. Chaque naissance est unique, miraculeuse et magnifique à sa façon, quel que soit l’endroit où vous choisirez de la vivre. Mon accouchement peut vous avoir semblé facile et rapide, mais derrière ces trois heures et demie de travail se cachait beaucoup de préparation physique et mentale. Pendant les neuf mois qui ont précédé ce moment magique, j’ai lu de nombreux livres sur les bienfaits de l’accouchement physiologique, j’ai visionné plusieurs documentaires sur le sujet, j’ai posé beaucoup de questions à mes sages-femmes et à mon accompagnante à la naissance, et j’ai lu plusieurs doux et touchants récits de naissance pour me convaincre que, oui, c’était possible de vivre un bel accouchement sans péridurale. Chaque trimestre, j’avais un rendez-vous en ostéopathie pour aligner mon bassin et favoriser la descente du bébé. J’ai également assisté à une conférence sur les positions à privilégier pendant l’accouchement, à un cours d’autohypnose à faire chez soi, aux cours prénataux à la maison de naissance, à des cours prénataux supplémentaires avec mon accompagnante à la naissance, et mon amoureux a appris les notions de base de la digitopuncture pour m’aider à mieux gérer la douleur. Par-dessus tout, j’étais appuyée entièrement et amoureusement par mon mari. Ma vision est devenue la sienne, et mon objectif, le sien. Il m’a soutenue dans ma démarche de façon instinctive, active et investie.

 

Il importait pour moi de mettre en place le plus d’éléments clés possible pour optimiser la venue de notre fils. Malgré tous mes efforts de préparation, je n’ai pas pu mettre au monde de façon naturelle mon placenta. J’ai dû recevoir non pas une, mais bien deux injections d’ocytocine synthétique, car la situation stagnait. J’étais en désaccord avec cette solution, mais les sages-femmes étaient au bout de leur protocole d’attente. J’ai donc accepté les injections après quelques heures d’attente. J’ai appris de cette naissance. Depuis ce jour, je ne cesse de m’informer sur ce que j’aurais pu gérer différemment et je tente de déterminer les faux pas que j’ai pu faire cette journée-là. Je crois d’ailleurs en avoir fait quelques-uns : un excès de lumière vive, pas suffisamment de chaleur dans la pièce et bien trop de gens autour de moi. Bien que le souvenir photo soit absolument mémorable et touchant, avec le recul, je crois que ce n’est pas idéal pour favoriser le processus et l’intimité du moment. Mais surtout, la grande erreur que je crois avoir commise a été de sortir instantanément et complètement de ma bulle une fois mon fils né. J’étais si exaltée que tout mon processus physiologique s’est arrêté à ce moment, l’adrénaline. Je savais pourtant que rien n’était terminé avant la délivrance placentaire et que je devais rester dans le vortex de la naissance. Puis, dans les semaines qui ont suivi, j’ai fait face, plutôt mal préparée, au fameux quatrième trimestre. Bien désemparée devant ce petit bout d’homme demandant et vulnérable, croyant faussement que l’allaitement est facile pour qui veut bien allaiter.

 

Voilà! C’était ma petite histoire de naissance que j’écris, souriante et reconnaissante, car je porte la vie en moi, pour une seconde fois. Je vous souhaite la plus belle des rencontres avec votre enfant à naître : une rencontre qui vous ressemble, à l’endroit qui vous convient le mieux, à vous et à votre famille.

 

Je dépose ici quelques suggestions de lectures qui pourraient vous inspirer sur le fantastique pouvoir créateur de la femme : Michel Odent, obstétricien et chirurgien; Fréderick LeBoyer, gynécologue et obstétricien; Stéphanie St-Amant, Docteure en sémiologie et chercheuse; Julie Bonapace, spécialiste en gestion de la douleur; Isabelle Brabant, Karine Langlois et Ina May Gaskin, sages-femmes; Bernadette DeGasquet, médecin; Andrée Rivard, historienne.

 

Bonne préparation!

Karine D.


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